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Ecodifiant, à la recherche de la compréhension perdue...

7 mars 2012

Tout est affaire de statistiques

In the last episode
Les banques de crédit réussissent à faire des bénéfices, à vous verser des intérêts sur votre épargne et à vous prêter de l’argent en cas de besoin, grâce à une règle simple - l’épargne rapporte moins que les prêts ne coûtent - et grâce à des statistiques précieusement élaborées et conservées.

Episode VII. The following takes place between 1970pm and 2012pm…
Les mathématiciens de la Société Caporale travaillent d’arrache-pied pour augmenter ses bénéfices (on dit maximiser quand on veut faire économiste) et limiter les risques. Et leur premier sujet de statistiques, c’est... vous.

Mettre dans des cases pour limiter les risques

Bin oui, vous, quand vous avez demandé un prêt pour acheter une voiture, un appartement ou un piano. Votre banque vous a demandé de nombreuses informations et justificatifs. Ceux-ci ont principalement servi à vous ranger dans une case statistique.

« Etudiant à la fac » + « parent enseignants »  = case statistique « bien mais pas top » = 3,8% de risque de non remboursement.

 case

La Société Caporale doit aussi avoir des statistiques très au point vous concernant pour un autre élément crucial : jusqu’ici nous avons supposé que Denis et Robert, nos épargnants qui ont déposé leurs économies à la Société Caporale, s’étaient engagés à ne pas retirer leur épargne pendant un an. Nous parlions donc d’un placement financier avec de fortes contraintes. Mais qu'en est-il des dépôts moins contraignants mais pourtant rémunérateurs comme les comptes épargne ? Pour ces dépôts vous ne vous engagez pas à laisser votre argent à la banque, on vous y incite. Grâce à des promesses d’intérêts si et seulement si votre argent reste à la banque. Mais rien ne vous empêche d’aller n’importe quand à la banque retirer votre argent. Il faudrait que la Société Caporale garde donc bien au chaud votre argent tout le temps, « au cas où » il vous prend l’envie de tout reprendre, n’est-ce pas ?

chaud

Mais ce n’est pas ce qu’elle fait. Comme vous êtes très nombreux à utiliser des comptes épargne, mettons 100 à avoir déposé 10€ comme dans l’épisode précédent, elle fait des statistiques et constate qu’en moyenne sur une période d’un an, seulement 30% de ses clients retirent leur l’argent de leurs comptes épargnes.  En moyenne, la Société Caporale dispose donc de 100 x 10€ x 70% = 700€ pour investir pendant un an. En même temps c’est un peu risqué. Admettons qu’une année 40% des clients décident de retirer leur épargne en même temps, la Société Caporale aura investi ses 700€ en les prêtant, n’aura donc plus cet argent dans ses coffres, et ne pourra pas rembourser.

Pour éviter ça, on peaufine encore les modèles statistiques : en moyenne sur une année seulement 30% des clients retirent de l’argent mais les variations d’une année sur l’autre peuvent aller de 10% à 50%. Pour éviter de prendre des risques, on n’investira donc que 50% soit 500€. C’est aussi pour ça que ces comptes épargne vous rapportent moins qu’un placement dans une obligation par exemple : c’est plus risqué pour la banque, elle investit moins, vos intérêts sont moindres.

 

Les banques créent de l’argent

Il est temps de s’arrêter un instant sur un concept qui heurte quelque peu les esprits rationnels mais un peu naïfs en terme d’économie dont vous êtes certainement avec moi. Denis et Robert ont posé 6 et 4€ à la Société Caporale, elle les a utilisé pour un prêt à Jean-Louis. Si on parlait de pièces en métal bien réelles, les pièces de Denis et Robert n’auraient fait que changer de main, la banque n’étant qu’un intermédiaire. Mais dans notre monde moderne où votre argent est avant tout informatisé à votre banque, si Denis et Robert consultent leurs comptes, ils voient 6 et 4€ de solde. Après avoir obtenu son prêt, Jean-Louis verra de son côté 10€ de solde. Si Denis, Robert et Jean-Louis additionnent donc l’argent qu’ils sont censés avoir, ils vont compter 20€. Si Jean-Louis rembourse son prêt, son solde va diminuer mais pas ceux de Denis et Robert. La somme globale d’argent va donc revenir vers les 10€. D’où il en ressort cette réalité étonnante : pendant la durée d’un prêt, la somme globale d’argent existente a augmenté, elle est passé de 10 à 20€. La banque a « créé » temporairement de l’argent.

dieu

En même temps c’est une fausse création : si Denis et Robert ont le droit de retirer leur argent avant la durée d’un an initialement prévue pour leur dépôt, la banque ne pourra pas les rembourser. Rassurez-vous, en pratique la banque possède toujours des fonds propres, une certaine somme d’argent apportée par ses créateurs puis par les bénéfices, qui appartient réellement à la banque et peut lui permettre de rembourser les dépôts, en cas de défaut de paiement sur les prêts qu’elle a concédé. Mais bien sûr, rien ne l’oblige à n’accorder des prêts que si et seulement si ils sont couverts par ses fonds propres. Toutes les banques jouent de ce mécanisme, et sont donc exposées aux « problèmes de liquidités », un jolie formule pour désigner des caisses vides et l’impossibilité de rembourser ses épargnants.

 

De l’importance du domaine de validité

Si on peut à ce point risquer les problèmes de liquidité pour créer de l’argent, c’est donc parce que les statisticiens ont étudié la propabilité qu’il y avait à ce que tous les épargnants retirent leur épargne en même temps. Vous comprenez le principe ? Plus les statistiques sont précises, plus on peut aller loin dans le risque, baisser la somme d’argent réellement en banque, et plus on dispose d’une somme d’argent importante pour investir et donc pour s’enrichir.

Mais à force de pousser dans leurs retranchements ces statistiques, on peut finir par oublier un point crucial : leur domaine de validité. C'est-à-dire les conditions bien précises dans lesquelles elles sont valables. Elles sont valables tant que le comportement des gens respectent certaines normes : il est possible de les inciter à ne pas retirer leur argent trop vite par telle ou telle mesure, ils ne vont pas paniquer du jour au lendemain. En temps normal...

Et pourtant, la crise des subprimes en 2008, quelles que soient ses raisons à elle, fut une violente sortie de route du domaine de validité de ces statistiques, étriquées par des années de maximisation des profits. En temps normal, il n’arrive jamais que plus de 50% des épargnants souhaitent vider leur compte la même année. En temps normal...

domino

Maintenant que vous avez compris les principes fondateurs, fini les statistiques, il est temps de revenir en 2008 en Irlande jouer aux dominos !
To be continued...

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15 février 2012

Banques et pourcentages

In the last episode
L’Irlande a boosté son économie grâce aux aides Européennes, et a massivement investi dans l’immobilier aux Etats-Unis. De leur côté, plusieurs entreprises américaines de nouvelles technologies ont massivement investi en Irlande, générant jusqu’à 20% des emplois, directs et indirects, dans le pays à la fin des années 2000. Quand la crise des subprimes se déclenche aux Etats-Unis, c’est la panique, et l’Etat Irlandais garantit les prêts de dépôts des grandes banques irlandaises pour essayer de contenir cette crise et d’éviter toute faillite.

Episode VI. The following takes place between moyen-âge and now…
Les efforts de l’état Irlandais se révéleront vains, la chute du système bancaire Irlandais va être vertigineuse, et elle va obliger l’Europe à intervenir. Mais comment une banque peut-elle faire faillite ? Comment peut-elle se retrouver sans argent malgré tous les dépôts des épargnants ? Et surtout comment tout ça peut-il arriver aussi rapidement ?

faillite

 

Qu’est-ce qu’une banque de crédit ?

Pour comprendre comment les banques Irlandaises se sont effondrées, il nous faut d’abord savoir ce qu’est une banque. Parlons d’une banque simple : la banque de détail.

Une banque de détail commence son activité en recevant des dépôts d’argents :

etape1Denis et Robert ont épargné respectivement 6 et 4€ à la banque Société Caporale (c’est notre banque exemple).

etape2

Le banquier a donc maintenant 10€ dans ses coffres. Il s’agit d’une épargne que Denis et Robert se sont engagés à ne pas retirer avant un an, parce que le banquier leur a promis qu’au bout d’un an il leur rendrait plus qu’ils n’ont mis, soit 8€ pour Denis et 5€ pour Robert :

etape3

Comment le banquier va-t-il réussir à gagner l’argent à la fois suffisant pour les intérêts promis à Denis et Robert, et aussi pour se payer lui-même ? Il va bien sûr investir. Une banque classique, une banque de détail, va investir de manière classique. Elle va faire un prêt à Jean-Louis. Elle prête 10€ à Jean-Louis, qui commence une activité d’auto-entrepreneur et doit s’acheter du matériel, à condition qu’il rende 15€ au bout d’un an, grâce aux bénéfices qu’il aura certainement fait d’ici là.

etape4
Avec ces 15€, le banquier aura assez pour les 2€ d’intérêts de Denis, les 1€ d’intérêt de Robert, et il lui restera 2€ pour se payer. Tout repose donc sur le fait que l’épargne vous rapporte moins que les prêts ne vous coutent. Evidemment, les calculs sont ici grossiers, avec des taux trop importants par rapports à la réalité où le taux de rendement moyen est aujourd’hui par exemple de 2,25% pour le livret A, là où le taux d’emprunt moyen dans l'immobilier est de 4,25%, mais le principe reste le même.

Le taux de bénéfice de l’épargne est inférieur au taux de coût de l’emprunt, épargner vous rapporte moins qu’emprunter, les banques fonctionnent, et tout le monde est content. Sauf si...

 

Jean-Louis fait faillite

Jean-Louis a dépensé tout son prêt pour son matériel, il a commencé à rembourser et puis... pas assez de pub, trop de concurrence, c’est l’échec. Il n’a plus de quoi rembourser avec sa seule allocation chômage. Et la Société Caporale n’a récupéré que 3€ au bout d’un an. Pas de quoi vivre et surtout pas de quoi rembourser Denis et Robert.

Pour éviter de se retrouver dans cette situation, la Société Caporale va y réfléchir à deux fois avant d’accorder des prêts, en analysant les dossiers des futurs Jean-Louis et consorts, et en en refusant certains qu'elle pense peu fiables. Elle va aussi prêter au plus grand nombre de personnes possible. Loin d’augmenter les risques cela va les diminuer. Parce qu’en faisant des statistiques sur ses dossiers, la Société Caporale va constater qu’il y a environ 5% des dossiers de prêts qui risquent d’être problématiques (1 Jean-Louis qui fait faillite pour 20 prêts).

Le calcul est simple, 95% des prêts seront donc correctement remboursés et si la banque accorde 100 prêts de 10€, demandant pour chacun 15€ de remboursement, elle touchera au bout d’un an : 15€ x 100 x 95% soit 1 425€.

etape5

Soit un total de 425€ de gain (puisqu’elle avait prêté 1000€). Assez pour rembourser tous les Denis et les Robert (en utilisant 300€), assez pour que la société Caporale touche 1,25€ par prêt, soit 125€ au total.

Tout ça fonctionne très bien à condition de connaître ce taux de 5%, et à condition qu’il soit fiable. Evidemment dans notre monde moderne si complexe, il n’y aura pas qu’un taux, qu’un seul cas de figure, mais des milliers. Et pour s’assurer de maîtriser ses risques, la Société Caporale doit avoir de très bonne statistiques et va embaucher la crème de la crème pour les réaliser : des mathématiciens.

statisticien

Z"avez-vu comme il a l'air méchant ! C'est peut-être lui le cerveau de la conspiration ?! Allez rendez-vous au prochain épisode pour pénétrer le monde obscur de la statistique.
To be continued...

Bonus : un article fabuleux sur les statisticiens qui déchantent...

12 janvier 2012

A l'origine : l'exemple irlandais

In the last episode…
Les importantes dettes publiques européennes, sont détenues par des acteurs financiers des pays eux-mêmes, d’autres pays de la zone Euro ou de l’union Européenne, ou même de pays à l’extérieur de l’union Européenne. En France nous ne connaissons que la proportion des dettes contractées avec des acteurs étrangers mais nous ne pouvons pas connaître leur identité car la loi l’interdit.

Episode V. The following takes place between 2008pm and 2008pm…
Certes, les états européens se sont grassement endettés. Ils ont pris le risque de la dépendance, à l’égard de la dépense à crédit et envers des acteurs étrangers. Mais après tout, tant qu’on gagne, on joue ! A partir de quand n’a-t-il plus été possible de jouer tranquillement ? Quand est-ce que tout a dérapé ? Qui sont les bad guys qui géraient la première vague de la conspiration ? Les Grecs, les terroristes islamistes ? Non, pire… les Irlandais !

gleeson 

Une belle histoire européenne

Dès 1973, l’Irlande fait partie des pays qui vont profiter pleinement d’un élan apporté par l’Union Européenne. Elle récupère alors cinq fois plus d’argent qu’elle n’en donne. L’état Irlandais va amplifier cette énorme impulsion en réduisant les impôts (pour les sociétés comme pour les ménages) et le pays va utiliser cette manne pour se transformer de façon radicale. Du rural on fonce vers le tertiaire. Les ménages s’enrichissent, épargnent, et trois banques Irlandaises deviennent progressivement trois mastodontes financiers : l’Anglo Irish Bank, l’Allied Irish Bank et la Bank of Ireland.

mastodonte

Au début des années 2000, l’état et les banques vont passer la vitesse supérieure. L’état Irlandais qui considère le secteur immobilier comme atone va créer de nombreuses dispositions réglementaires pour favoriser l’investissement dans l’immobilier. Les banques foncent et offrent des prêts avantageux : la propriété immobilière, plus accessible, devient un rêve pour les ménages irlandais, les banques investissent dans la construction pour répondre à la demande (devenant parfois de quasi promoteurs), offrent des prêts encore plus avantageux. La demande s’emballe, les prix montent, tout le monde se dit qu’il faut acheter maintenant avant qu’ils ne montent encore plus, les prix montent, tout le monde se dit vite vite ma maison, les prix montent...

L’Irlande a créé sa bulle immobilière.

bulle

Tout ça n’est pas bien grave, vu la croissance insolente du pays, tous ces prêts seront vite remboursés. De toute façon il va être difficile de revenir en arrière, l’immobilier finit par représenter 17% des revenus de l’état grâce aux impôts et ce dernier ne va pas se tirer une balle dans le pied en règlementant plus sévèrement ! En parallèle à la création de cette bulle, les banques, théoriquement très riches avec tous ces intérêts sur les prêts par milliers, se sentent à l’étroit pour investir dans leur propre pays. Elles vont alors se tourner comme une évidence vers... les USA.

 

Une bien belle histoire américaine

Comme une évidence parce que l’état Irlandais, non content de dynamiser son économie intérieure a aussi mis en place des règles très favorables aux investissements étrangers. La Sillicon Valley, qui cherchait une tête de pont en Europe en a largement profité : Microsoft, Intel, eBay, Google, Twitter, ils sont tous là. Tant et si bien que les multinationales étrangères finissent par employer directement 240 000 personnes dans ce pays de 4,4 millions d’habitants, et jusqu’à 20% de tous les travailleurs en comptant les emplois indirects.


googleComme une évidence donc, l’Anglo, l’Allied et la BoI vont investir presque toutes leurs économies aux States, notamment dans l’immobilier (on ne change pas une méthode qui gagne), en prenant… oh quelques risques par ci par là (vous me voyez venir ou pas ?). A ce stade d’imbrication des économies, l’Irlande fait un bel oiseau en symbiose sur le dos de l’hippopotame américain.

 

Une histoire moche irlandaise

Evidemment quand la crise pointe le bout de son nez à l’automne 2008 chez l’hippopotame américain, l’oiseau irlandais volète un peu dans tous les sens et panique quelque peu : les entreprises américaines vont licencier, les irlandais au chômage auront du mal à rembourser leur prêt, les banques irlandaises vont perdre des milliards avec leurs investissements douteux et la crise des subprimes…

L’état irlandais, dans un grand élan d’absence coupable de réflexion sur le long terme, prend alors une décision qui sera lourde de conséquences : il garantit les dépôts et les prêts octroyés par les banques irlandaises. C’est-à-dire qu’il dit à tous ses habitants : si vous avez déposé votre argent dans une de nos banques, ne vous inquiétez pas vous le récupérerez car même en cas de faillite de votre banque, l’état s’engage à vous rembourser vos dépôts. Et il dit aux banques, si nos braves petits Irlandais ne réussissent pas à vous rembourser leurs emprunts, ne vous inquiétez pas vous récupérerez votre argent, l’état s’engage à vous rembourser à leur place. C’est super sympa de la part de l’état irlandais parce qu’à l’époque le montant total des dépôts et prêts représente 480 milliards d’euros, soit trois fois le PIB. Une broutille.

Bien sûr l’état irlandais n’imagine pas qu’il aura à sortir cette somme. Tout au plus quelques millions par ci par là. Il pense par contre que cette assurance va… rassurer tout le monde, et éviter que les épargnants ne cherchent à tous récupérer leur épargne en même temps, entrainant le terrible effet domino.

domino 

Jack Bauer devait être en congé ce jour-là parce que c’est pourtant ce qu’il advint.
To be continued...

Source principale : un rapport du Sénat sur la question

2 décembre 2011

L’explosion des dettes : va-t-on tous devenir Chinois ?

In the last episode…
Les dettes européennes dans leur quasi intégralité sont au final détenues par les ménages épargnants, par l’intermédiaires des banques, assurances et fonds de placement. Les titres de dettes publiques représentent pour ces intermédiaire une manière privilégiée de faire fructifier l’argent des épargnants, les impôts garantissant, à priori, la solvabilité des états.

Episode IV. The following takes place between 1980pm and 2008pm…
Vous fûtes accusés un peu rapidement d’être le méchant créancier risquant de mettre en faillite Grecs et consorts. En réalité, la dette appartient en effet à des épargnants, encore faut-il que vous en fassiez partie, mais surtout, qu’est-ce qui nous dit que ces épargnants sont… Français ? Rien ne nous le dit puisqu’en majorité ils sont étrangers (ou « non-résidents » dans le joli jargon étatique) ! Oh purée, on est mal, on va être rachetés par les Chinois !

 chinois

Une dette à l’étranger ?

Les pays de la zone euro se sont ouverts à l’étranger pour financer leurs actions depuis les années 1980. Il s’agissait à l’époque, pendant les petites périodes de crises, de trouver de nouveaux financements pour éviter que les états ne fassent concurrence aux entreprises. En effet, en période de crise les investisseurs sont peu nombreux, et comme ils vont préférer investir dans les titres de dettes étatiques, les entreprises ne vont plus trouver de financement. En s’ouvrant à l’étranger, les états de la zone euro on pu surmonter des périodes de dépression économique sans freiner le secteur privé (les entreprises). Actuellement, 53% de la dette européenne est détenue par des « non-résidents ». Il a fallu pour cela lever quelques barrières légales aux flux de capitaux internationaux mais on s’y est employé !

douanier 

Et tout ça est sans risques, bien sûr. Non ?

Comment vous dire… En fait c’est très risqué. D’abord parce qu’à l’ouverture des barrières internationales c’est la ruée : des milliers de nouveaux investisseurs se pressent en Europe, avides d’utiliser ces placements « sécurisés » et chics. Après la création de l’euro c’est encore mieux, c’est une monnaie forte, stable, utilisable dans plusieurs pays. Trop la classe. Le Royaume-Uni qui n’a pas voulu de l’euro en sait quelque chose, lui qui affiche un piteux 28% de sa dette détenue à l’étranger.

Alors tout cet argent c’est tentant. Quand on a de grands projets pour son pays, quand on a une vision pour l’avenir, quand on a confiance en la croissance, patati etc, on peut bien se permettre de beaux investissements. De toute façon notre pays va devenir tellement glorieux, riche et productif qu’on remboursera tout ça en claquant des doigts ! Bon, ça ne s’est pas passé exactement comme prévu.

Ensuite c’est risqué parce qu’il est beaucoup plus simple d’influencer ses propres épargnants que ceux des étrangers. On les connaît, on leur fait parfois les gros yeux, parfois un petit cadeau fiscal (une exonération d’impôt avec le nom d’un ministre), parfois une petite loi contraignante, bref on n’y arrive pas tout le temps mais on peut essayer.

C'est sans danger... danger

 

Qui sont les plus polyglottes ?

Nous n’en citerons que 4. La France, c’est bien connu, a toujours séduit les étrangers et nous avons réussi à pousser la proportion de dette détenue à l’étranger à 70%. La Grèce fait mieux avec 71%. Le Portugal se surpasse avec 75%. Et l’Irlande explose tout avec 85%. Ceux qui ont un peu survolé les actualités économiques ces 3 dernières années trouveront certainement que cette liste lui rappelle quelque chose.

Damnit mais on va vraiment être rachetés par les Chinois ? Pas de panique, c’est moins grave qu’il n’y parait parce que dans les étrangers il y a beaucoup d’Européens. Prenons l’exemple de la France, sur les 70% de dette détenue à l’étranger, 22% sont détenus en zone euro, 8% ailleurs en Europe (la Norvège, un des rares états Européens à avoir plein d’argent en réserve, l’a placé un peu partout en Europe), et il ne reste donc que 40% détenus plus loin. Je vous sens moyennement rassurés.

L’idéal serait de savoir qui sont ces 40%. Sauf qu’on ne peut pas. C’est interdit par la loi. C’est différent ailleurs dans le monde comme par exemple aux Etats-Unis où on peut trouver la liste exhaustive des détenteurs étrangers (26% de Chinois, 20% de Japonais sur un total de 31% de leur dette détenue à l’étranger). Mais en Europe c’est niet, seuls les vendeurs, le gouvernement donc, savent. Le gouvernement nous cache des choses, il faut envoyer Jack en infiltration !

Mais qui sont les vrais méchants de la saison 1 alors ? Les Chinois, les banquiers ? Y’a pas des terroristes islamistes dans le coin des fois ?
To be contined...

Sources principales : l’étude Fondapol de l’épisode précédent et Le Monde, bien documenté sur ces questions.

1 décembre 2011

Toutes ces dettes : et on doit rembourser qui ?

In the last episode...
Comme la France, la plupart des pays Européens se sont endettés dans de fortes proportions, ramenés à ce qu’ils sont capables de produire (le PIB). La Grèce, l’Italie et l’Irlande sont les champions de l’endettement de ce point de vue, et des pays qui ont semblés ces derniers temps particulièrement exposés à de sérieux problèmes.

Episode III. The following takes place between 2010pm and 2011pm...
Mais au fait, à qui doit-on tout cet argent ? Qui est le créancier ? Qui est le gros méchant qui va venir péter un bras aux Grecs et couper les doigts des Italiens si on ne le rembourse pas ? Accrochez-vous à vos sièges, c’est le gros twist de la saison 1, on le doit à... vous ! Mais comment ça ? C’est moi le traitre, c’est pas Nina Myers ?

nina

Qui possède la dette ?

Bon, j’ai un peu exagéré. En fait c’est vous mais pas directemement, et seulement si vous épargnez. Il y a trois grandes façon d’épargner : sur un compte en banque, dans une assurance, et dans un fond de placement (ou fond de pension, en bref, c’est pour les retraites). Et il y a donc trois catégories de gestionnaires de votre épargne, qu’on appelle des intermédiaires financiers : les banques, les assurances et les gestionnaires d’actifs.

banque

Pour être complet et même si c’est tout à fait marginal, vous pouvez en France depuis 2000 prêter un peu d’argent à l’état directement, sans passer par un de ces intermédiaires. Intéressé(e) ? C’est toujours sur l’Agence France Trésor...

 

Pourquoi ils font ça ?

Là encore, c’est de votre faute. Vous attendez que vos placements chez eux vous rapportent de l’argent. Du point de vue des banques et des fonds de placement le moyen le plus simple et le plus « sécurisé » de faire fructifier l’argent que vous leur avez confié, c’est de le confier à leur tour à un état en manque d’argent, lequel état leur rendra l’argent un peu plus tard avec une plue-value substantielle. C’est pas le seul moyen bien sûr, mais ils aiment beaucoup celui-là, je vous l’ai dit, il est « sécurisé ».

Pourquoi est-ce « sécurisé » ? Parce que si vous prêtez 100€ à Tony en lui demandant de vous rendre 110€ dans un an, il faut déjà pour récupérer vos 110€ que Tony soit honnête, mais il faut aussi qu’il ne perde pas son travail entre temps, sinon il n’aura pas de quoi vous rendre 110€ dans un an. Alors que si vous prêtez ces 100€ à l’état Français, celui-ci ne peut pas perdre son travail, vous êtes son employeur et lui versez continuellement un salaire qu’on appelle impôt. L’état Français est donc beaucoup plus fiable que Tony.

La boucle est bouclée, vous épargnez, votre argent est avancé à l’état, qui vous rembourse avec vos impôts.

boucle

On assure un max !

Revenons un peu en arrière, quand vous confiez votre argent à une banque ou à un fond de pension pour votre retraite, vous attendez que cet argent fructifie. Mais quand vous le confiez à une assurance ? Sur le principe si mon assurance voiture rembourse mes dégâts en cas d’accident ça me va bien, mais j’ai pas spécialement l’impression que je vais gagner de l’argent avec. Et pourtant, la France présente une particularité unique en Europe, plus de 20% de sa dette est détenue par des assurances. Damnit, mais qui est the fucking coupable ? J’ai nommé... l’assurance-vie ! Ah bin oui, tout s’éclaire, le placement préféré des Français.

Mais ça file le tourni ces boucles, comment on va faire pour en sortir ?

To be contined... 

Source principale : http://www.fondapol.org/wp-content/uploads/2011/04/DETTE-2011-03-28-BAG-2web.pdf
This wonderfull source of savoir a été écrite par un économiste et haut fonctionnaire qui souhaite rester anonyme. Mmm... je suis sûr qu’en fait on le connaît et que son identité nous sera révélée dans la saison 2...

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29 novembre 2011

Les dettes publiques européennes : et on a flambé en bande ?

In the last episode...
La France a une dette de 1307 milliards d'euros, soit plus de 3 fois ses recettes fiscales.

The following takes place between 2010pm and 2011pm...
Bien sûr, vous allez me dire, les Grecs ont fait bien pire que nous. Voire, parce qu'en montant le champion c'est... l'Allemagne avec 2079 milliards d'euros.

Le top 10 !

Pays  Montant (en milliards d'€)
Allemagne 2 079
Italie 1 988
France (*) 1 591
Espagne 638
Belgique 403
Pays-Bas 380
Grèce 328
Portugal 160
Irlande 148

Source : La Tribune
(*) La dette française contient ici les dettes des collectivités locales, le montant est donc plus important que le montant de la dette de l'état à l'article précédent

Mais alors pourquoi ce sont les Grecs qui sont dans le rouge et pas les Allemands ?

Les dettes en % du PIB

Les pays Européens n'ayant pas du tout la même taille ni des économies de vigueur équivalente, on peut rapprocher ces montants du Produit Intérieur Brut, puisqu' il est représentatif de la production du pays et donc potentiellement de ses impôts et de sa capacité à rembourses ses dettes.

niveau-des-dettes

Et là pour le coup les mauvais élèves de la zone Euro apparaissent immédiatement. Au passage on constate l'aspect peu disuasif du pacte de stabilité Européen pour un peu tout le monde. Et du coup on est vraiment mals non ?

To be continued...

28 novembre 2011

La dette publique française : on a flambé ou bien ?

La dette publique française, c'est ce que l'état Français n'arrête pas d'emprunter depuis 30 ans pour financer ses actions. Sachant qu'il rembourse chaque année un peu moins que ce qu'il n'emprunte, ça s'accumule...

Alors, combien ?

1 307 504 808 589 € au 28 novembre 2011, soit 1 307 milliards d'euros. Si vous voulez suivre le chiffre en direct, c'est sur le site de l'AFT - agence France Trésor, en petit à droite.

Donc c'est beaucoup. Les collectivités locales et les administrations publiques ont aussi leurs dettes, mais ils ont su se montrer plus raisonnables puisqu'elles n'excèdent pas chacunes 200 milliards.

Et du coup, c'est énorme à quel point ?

Pour se faire une petite idée, les recettes fiscales brutes de la France étaient en 2010 de 347 milliards d'euros. La dette est donc de plus de 3 fois les recettes fiscales de l'état, c'est à dire les impôts en tout genres.

Mais m'enfin, qui c'est qu'a fait ça ?

Tout le monde... sauf Lionel Jospin qui a fait un petit effort. Encore que même là ce soit relatif puisque le petit repli n'est observable dans le graphique ci-dessous que sur le courbe rouge, celle qui évalue le poids de la dette en % du PIB (Produit Intérieur Brut), l'ensemble des richesses produites par le pays, et donc notamment sa capacité à rembourser ses dettes. En valeur brute la dette n'a fait qu'augmenter depuis 1975.

La dette a très fortement augmenté ces 3 dernières années en raison de la crise économique car l'état a refinancé des banques dans le besoin.

412px-Dette_publique_France_1978-2010

Et du coup, on est mal ou bien ? (la suite au prochain épisode...)

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