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Ecodifiant, à la recherche de la compréhension perdue...
12 janvier 2012

A l'origine : l'exemple irlandais

In the last episode…
Les importantes dettes publiques européennes, sont détenues par des acteurs financiers des pays eux-mêmes, d’autres pays de la zone Euro ou de l’union Européenne, ou même de pays à l’extérieur de l’union Européenne. En France nous ne connaissons que la proportion des dettes contractées avec des acteurs étrangers mais nous ne pouvons pas connaître leur identité car la loi l’interdit.

Episode V. The following takes place between 2008pm and 2008pm…
Certes, les états européens se sont grassement endettés. Ils ont pris le risque de la dépendance, à l’égard de la dépense à crédit et envers des acteurs étrangers. Mais après tout, tant qu’on gagne, on joue ! A partir de quand n’a-t-il plus été possible de jouer tranquillement ? Quand est-ce que tout a dérapé ? Qui sont les bad guys qui géraient la première vague de la conspiration ? Les Grecs, les terroristes islamistes ? Non, pire… les Irlandais !

gleeson 

Une belle histoire européenne

Dès 1973, l’Irlande fait partie des pays qui vont profiter pleinement d’un élan apporté par l’Union Européenne. Elle récupère alors cinq fois plus d’argent qu’elle n’en donne. L’état Irlandais va amplifier cette énorme impulsion en réduisant les impôts (pour les sociétés comme pour les ménages) et le pays va utiliser cette manne pour se transformer de façon radicale. Du rural on fonce vers le tertiaire. Les ménages s’enrichissent, épargnent, et trois banques Irlandaises deviennent progressivement trois mastodontes financiers : l’Anglo Irish Bank, l’Allied Irish Bank et la Bank of Ireland.

mastodonte

Au début des années 2000, l’état et les banques vont passer la vitesse supérieure. L’état Irlandais qui considère le secteur immobilier comme atone va créer de nombreuses dispositions réglementaires pour favoriser l’investissement dans l’immobilier. Les banques foncent et offrent des prêts avantageux : la propriété immobilière, plus accessible, devient un rêve pour les ménages irlandais, les banques investissent dans la construction pour répondre à la demande (devenant parfois de quasi promoteurs), offrent des prêts encore plus avantageux. La demande s’emballe, les prix montent, tout le monde se dit qu’il faut acheter maintenant avant qu’ils ne montent encore plus, les prix montent, tout le monde se dit vite vite ma maison, les prix montent...

L’Irlande a créé sa bulle immobilière.

bulle

Tout ça n’est pas bien grave, vu la croissance insolente du pays, tous ces prêts seront vite remboursés. De toute façon il va être difficile de revenir en arrière, l’immobilier finit par représenter 17% des revenus de l’état grâce aux impôts et ce dernier ne va pas se tirer une balle dans le pied en règlementant plus sévèrement ! En parallèle à la création de cette bulle, les banques, théoriquement très riches avec tous ces intérêts sur les prêts par milliers, se sentent à l’étroit pour investir dans leur propre pays. Elles vont alors se tourner comme une évidence vers... les USA.

 

Une bien belle histoire américaine

Comme une évidence parce que l’état Irlandais, non content de dynamiser son économie intérieure a aussi mis en place des règles très favorables aux investissements étrangers. La Sillicon Valley, qui cherchait une tête de pont en Europe en a largement profité : Microsoft, Intel, eBay, Google, Twitter, ils sont tous là. Tant et si bien que les multinationales étrangères finissent par employer directement 240 000 personnes dans ce pays de 4,4 millions d’habitants, et jusqu’à 20% de tous les travailleurs en comptant les emplois indirects.


googleComme une évidence donc, l’Anglo, l’Allied et la BoI vont investir presque toutes leurs économies aux States, notamment dans l’immobilier (on ne change pas une méthode qui gagne), en prenant… oh quelques risques par ci par là (vous me voyez venir ou pas ?). A ce stade d’imbrication des économies, l’Irlande fait un bel oiseau en symbiose sur le dos de l’hippopotame américain.

 

Une histoire moche irlandaise

Evidemment quand la crise pointe le bout de son nez à l’automne 2008 chez l’hippopotame américain, l’oiseau irlandais volète un peu dans tous les sens et panique quelque peu : les entreprises américaines vont licencier, les irlandais au chômage auront du mal à rembourser leur prêt, les banques irlandaises vont perdre des milliards avec leurs investissements douteux et la crise des subprimes…

L’état irlandais, dans un grand élan d’absence coupable de réflexion sur le long terme, prend alors une décision qui sera lourde de conséquences : il garantit les dépôts et les prêts octroyés par les banques irlandaises. C’est-à-dire qu’il dit à tous ses habitants : si vous avez déposé votre argent dans une de nos banques, ne vous inquiétez pas vous le récupérerez car même en cas de faillite de votre banque, l’état s’engage à vous rembourser vos dépôts. Et il dit aux banques, si nos braves petits Irlandais ne réussissent pas à vous rembourser leurs emprunts, ne vous inquiétez pas vous récupérerez votre argent, l’état s’engage à vous rembourser à leur place. C’est super sympa de la part de l’état irlandais parce qu’à l’époque le montant total des dépôts et prêts représente 480 milliards d’euros, soit trois fois le PIB. Une broutille.

Bien sûr l’état irlandais n’imagine pas qu’il aura à sortir cette somme. Tout au plus quelques millions par ci par là. Il pense par contre que cette assurance va… rassurer tout le monde, et éviter que les épargnants ne cherchent à tous récupérer leur épargne en même temps, entrainant le terrible effet domino.

domino 

Jack Bauer devait être en congé ce jour-là parce que c’est pourtant ce qu’il advint.
To be continued...

Source principale : un rapport du Sénat sur la question

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