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Ecodifiant, à la recherche de la compréhension perdue...
15 février 2012

Banques et pourcentages

In the last episode
L’Irlande a boosté son économie grâce aux aides Européennes, et a massivement investi dans l’immobilier aux Etats-Unis. De leur côté, plusieurs entreprises américaines de nouvelles technologies ont massivement investi en Irlande, générant jusqu’à 20% des emplois, directs et indirects, dans le pays à la fin des années 2000. Quand la crise des subprimes se déclenche aux Etats-Unis, c’est la panique, et l’Etat Irlandais garantit les prêts de dépôts des grandes banques irlandaises pour essayer de contenir cette crise et d’éviter toute faillite.

Episode VI. The following takes place between moyen-âge and now…
Les efforts de l’état Irlandais se révéleront vains, la chute du système bancaire Irlandais va être vertigineuse, et elle va obliger l’Europe à intervenir. Mais comment une banque peut-elle faire faillite ? Comment peut-elle se retrouver sans argent malgré tous les dépôts des épargnants ? Et surtout comment tout ça peut-il arriver aussi rapidement ?

faillite

 

Qu’est-ce qu’une banque de crédit ?

Pour comprendre comment les banques Irlandaises se sont effondrées, il nous faut d’abord savoir ce qu’est une banque. Parlons d’une banque simple : la banque de détail.

Une banque de détail commence son activité en recevant des dépôts d’argents :

etape1Denis et Robert ont épargné respectivement 6 et 4€ à la banque Société Caporale (c’est notre banque exemple).

etape2

Le banquier a donc maintenant 10€ dans ses coffres. Il s’agit d’une épargne que Denis et Robert se sont engagés à ne pas retirer avant un an, parce que le banquier leur a promis qu’au bout d’un an il leur rendrait plus qu’ils n’ont mis, soit 8€ pour Denis et 5€ pour Robert :

etape3

Comment le banquier va-t-il réussir à gagner l’argent à la fois suffisant pour les intérêts promis à Denis et Robert, et aussi pour se payer lui-même ? Il va bien sûr investir. Une banque classique, une banque de détail, va investir de manière classique. Elle va faire un prêt à Jean-Louis. Elle prête 10€ à Jean-Louis, qui commence une activité d’auto-entrepreneur et doit s’acheter du matériel, à condition qu’il rende 15€ au bout d’un an, grâce aux bénéfices qu’il aura certainement fait d’ici là.

etape4
Avec ces 15€, le banquier aura assez pour les 2€ d’intérêts de Denis, les 1€ d’intérêt de Robert, et il lui restera 2€ pour se payer. Tout repose donc sur le fait que l’épargne vous rapporte moins que les prêts ne vous coutent. Evidemment, les calculs sont ici grossiers, avec des taux trop importants par rapports à la réalité où le taux de rendement moyen est aujourd’hui par exemple de 2,25% pour le livret A, là où le taux d’emprunt moyen dans l'immobilier est de 4,25%, mais le principe reste le même.

Le taux de bénéfice de l’épargne est inférieur au taux de coût de l’emprunt, épargner vous rapporte moins qu’emprunter, les banques fonctionnent, et tout le monde est content. Sauf si...

 

Jean-Louis fait faillite

Jean-Louis a dépensé tout son prêt pour son matériel, il a commencé à rembourser et puis... pas assez de pub, trop de concurrence, c’est l’échec. Il n’a plus de quoi rembourser avec sa seule allocation chômage. Et la Société Caporale n’a récupéré que 3€ au bout d’un an. Pas de quoi vivre et surtout pas de quoi rembourser Denis et Robert.

Pour éviter de se retrouver dans cette situation, la Société Caporale va y réfléchir à deux fois avant d’accorder des prêts, en analysant les dossiers des futurs Jean-Louis et consorts, et en en refusant certains qu'elle pense peu fiables. Elle va aussi prêter au plus grand nombre de personnes possible. Loin d’augmenter les risques cela va les diminuer. Parce qu’en faisant des statistiques sur ses dossiers, la Société Caporale va constater qu’il y a environ 5% des dossiers de prêts qui risquent d’être problématiques (1 Jean-Louis qui fait faillite pour 20 prêts).

Le calcul est simple, 95% des prêts seront donc correctement remboursés et si la banque accorde 100 prêts de 10€, demandant pour chacun 15€ de remboursement, elle touchera au bout d’un an : 15€ x 100 x 95% soit 1 425€.

etape5

Soit un total de 425€ de gain (puisqu’elle avait prêté 1000€). Assez pour rembourser tous les Denis et les Robert (en utilisant 300€), assez pour que la société Caporale touche 1,25€ par prêt, soit 125€ au total.

Tout ça fonctionne très bien à condition de connaître ce taux de 5%, et à condition qu’il soit fiable. Evidemment dans notre monde moderne si complexe, il n’y aura pas qu’un taux, qu’un seul cas de figure, mais des milliers. Et pour s’assurer de maîtriser ses risques, la Société Caporale doit avoir de très bonne statistiques et va embaucher la crème de la crème pour les réaliser : des mathématiciens.

statisticien

Z"avez-vu comme il a l'air méchant ! C'est peut-être lui le cerveau de la conspiration ?! Allez rendez-vous au prochain épisode pour pénétrer le monde obscur de la statistique.
To be continued...

Bonus : un article fabuleux sur les statisticiens qui déchantent...

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